Royalties, un sujet de débat

Des discussions sur l’application des royalties par les marketplaces font rage dans l’écosystème NFT depuis l’arrivée de marketplaces axées trading. En effet, depuis l’émergence des places de marchés, la norme a été l’implémentation des royalties. Rappel: les royalties sont le pourcentage des ventes sur le marché secondaire versé aux créateurs. Dans le monde traditionnel les royalties sont en partie protégé par le droit de suite en France.

Marketplaces: Opensea vs Blur

Le débat concernant les royalties touche principalement l’écosystème Ethereum, avec sa marketplace leader Opensea, l’un des derniers remparts à l’application formel des royalties, vient de céder il y a quelque temps face à la montée en puissance de Blur permise par son marketing agressif. En effet, il y a peu de temps (date: février 2023), Opensea annonce supprimer ses frais et abaisser les royalties à 0,5% temporairement. Mais la vraie question est: comment sommes-nous arrivés à cela. Simple, les raisons du débat autour des royalties sont multiples, néanmoins l’une des principales raisons poussant les marketplaces à prendre position est la perte ou la prise de parts de marché.
Différents comportements sont adoptés par les acheteurs concernant les royalties, dans un premier temps ça a été l’action de « holder », cependant avec la dynamisation des marchés secondaires, vient se greffer l’activité de trading de NFTs. Avec l’application des royalties, chaques ventes effectuées par le trader NFTs, ce dernier devra s'acquitter du paiement de la redevance. Ainsi, sur le long terme, cela peut représenter des bénéfices amoindris.
Face à cette problématique, Vitalik Buterin s’est notamment prononcé pour la découverte d’alternatives aux royalties: une sorte de redevance annualisée pour les créateurs payés par les holders du NFT.
Gestion des royalties: exemples de blockchain
Ternoa

La blockchain Ternoa est un layer 1 spécialisé dans les NFTs. Elle se base sur le Substrate de Polkadot et utilise notamment comme langage de programmation Rust. L’équipe développe des solutions à travers les sdk de Polkadot afin de faciliter la prise en main des fonctionnalités liées aux NFTs. L'accessibilité de la technologie blockchain est un grand enjeu pour toucher un très large public. On peut notamment faire le parallèle avec Internet où il est utilisé tous les jours par des millions voir milliards de personnes. Et sur ce large groupe, seul une infime partie possède des connaissances la technologie derrière. Simplement pour dire que ceux connaissant le fonctionnement d’une blockchain représentera dans le futur de l'adaptation, un groupe minoritaire. Ainsi les NFTs sur Ternoa ne nécessitent pas l’implémentation de smart contrat, ils sont directement inscrits dans la blockchain. Lors d’un AMA a été évoqué par Mickael Canu CEO et co-founder de Ternoa le sujet royalties. Ces derniers ne font pas exception, ils sont directement inscrits dans le code du NFT. Il est donc impossible qu’une marketplace supprime ou rend optionnel les royalties, ce sont les créateurs qui ont le dernier mot. Il sera aussi possible de donner le propriété de création a plusieurs wallets ainsi les royalties seront directement fractionnées de manière égale entre tous les membres indiqués.
Ethereum et Solana

Concernant la blockchain Ethereum: la première norme pour les NFT a été créée et implémentée est le standard de jeton ERC-721. Ce dernier attribue au jeton des fonctions supplémentaires introduit dans le smart contrat qui lui est attribué.
En deuxième norme qu’on retrouve beaucoup sur les marketplaces est le standard ERC-1155. Techniquement, il est erroné de nommer les éléments associés à cette norme NFT, il serait plus juste de parler de SFT (pour semi fongible token). De manière simplifiée l'ERC 1155 peut être considéré comme un mélange de l'ERC 20 et 721.
Concernant la blockchain Solana, les normes des jetons sont semblables à celles sur Ethereum. Néanmoins, un certain problème de centralisation se met en place lorsque c'est la même entité Metaplex qui est à l’origine de ces standard et a un pouvoir sur ces derniers.
Ces smarts contrats ne prennent pas en charge les royalties de manière native. On dit que les royalties sont “off chain” ou pas “on-chain”.
Lorsque les NFTs sont créés à partir d’une marketplace, même si la collection est tienne, le smart contrat appartient et est géré par la marketplace: en résumé le créateur ne possède pas les droits de sa collection. Ainsi les marketplaces ont tous les droits sur le définition de leur politique liée au NFT.
Le créateur subit donc les politiques des marketplaces sans pour autant avoir le droit de respecter ses exigences.
Royalties et usages

Les royalties constituent une avancée majeure dans le monde de l’art qu’elle soit traditionnel ou même numérique. Concernant le marché de l’art traditionnel, le versement de royalties est permis dans un certain nombre de pays grâce au droit de suivie. Elles constituent un certain moyen de pérenniser les revenus d’un créateur sur un certain temps, financer le développement autour du projet NFT. Sans les royalties, certaines collections n’auront pas pu développer leur activité. Au lieu que le créateur vend juste son œuvre, les royalties constituent un très bon business plan pour les entreprises et peut avoir pour effets de limiter les systèmes se basant sur un afflux de trésorerie à contreparties d’une dilution de l’offre en circulation des NFTs. Prenons ainsi pour illustrer mes propos: un jeu utilisant la technologie des NFTs pour représenter les cartes dans le jeu, leur bénéfices est constitué par la vente primaires des nouvelles collections de NFTs par saison (il ne touche aucune contrepartie par les royalties). Leur modèle économique est ainsi privilégié au détriment des joueurs. Les royalties peuvent devenir le moyen de monétiser les flux de transactions dans ce cas être mais aussi une contrepartie pour montrer la preuve de la viabilité et santé du jeu que ça soit pour l’équipe mais aussi les joueurs. Les royalties ont permis de développer les business des freemint.
Bonus: Notion de propriété
Il ne serait pas honnête de dire que les royalties ne constituent pas un inconvénient pour les traders de NFTs. Le problème est que certaines personnes en viennent à avoir recours à des ruses pour contourner les royalties. Cependant ces pratiques posent un réel problème puisqu'elles ne respectent pas la volonté du créateur et bien plus. Comme énoncé précédemment, les royalties peuvent constituer une rémunération mensuelle, hebdomadaire etc. il serait simple d’associer les NFTs directement à la propriété numérique, néanmoins cela est bien plus complexe que ce que l’on pense. En effet, lorsqu’est acheté un NFT, l’acheteur devient en théorie propriétaire du NFT c'est-à-dire qu’il est censé détenir tous les droits associés. Mais dès qu’est pris un peu plus de distance, on se rend bien compte de la complexité des usages que l’on enferme derrière ce terme. Il suffit simplement de prendre l’exemple des NFTs artistiques pour casser tout le mythe autour de la totale propriété dès lors qu’ils sont mis en parallèle aux marché de l’art traditionnel. En effet, dans le monde traditionnel et un certain nombre de pays, lors de ventes artistiques de plus de 750$, l'œuvre est soumise au droit de suivi. Ce dernier permet en partie de reverser des royalties à chaque vente de l'œuvre. A noter que dans ce cas là, les NFTs ont d’une certaine manière étendu ce droit sans se reposer sur une juridiction.
De ce fait, on peut conclure que la notion de propriété est ambiguë, mais il faut aussi s'intéresser à la nuance entre ce qu’on qualifierait d’une licence d’utilisation NFT et la propriété intellectuelle associée au droit d’auteur. Ainsi le droit de propriété est aussi sous l’influence de ces licences: il en existe ainsi 4 types: “droits commerciaux”, “droits commerciaux limités”, “usage personnel” et “creative commons”.
Est-il possible de soumettre les royalties à ses licences ? D’une certaine manière, une collection se voulant transparente et “sérieuse” pourrait communiquer et clarifier la mise en place de ces royalties à travers le type de licence associés.
Seul l’avenir pourra connaît le fin mot sur l’application des royalties dans l’écosystème Web3.
